Les vrai-faux guichets uniques sont une belle illustration de l'incapacité de l'État à mettre en pratique ses belles paroles. Alors que la notion de guichet unique (règles, pièces demandées, instruction, programmation et liquidation uniques) se développe entre les différents niveaux de collectivités – de manière encore trop lente à notre goût, c'est vrai – l'État ne le fait que très rarement, et, dans certains départements, jamais. Selon l'appétence du préfet du moment, des accords sont trouvés pour aller plus ou moins loin dans la démarche, mais jamais jusqu'au bout de la logique qui génère des économies de postes, facilite la vie des porteurs de projets et permet d’améliorer la productivité, l’efficacité, la réactivité et la cohérence de l'action publique… des arguments que tous les présidents de la République adopteraient sans hésitation tant ils vont dans le sens des attentes des élus locaux, des entreprises, des associations, de nos concitoyens… et de leurs propos ! 

Les contrats ou les appels à projets où l'État recycle dans l'urgence des démarches existantes pour faire croire qu'il agit pour le monde rural sont aussi savoureux. Les contrats de ruralité de 2016-2017 sont les derniers exemples en date. Le CGET annonce fièrement dans son rapport d'activité 2017 que 450 contrats de ruralité ont été signés dans tous les départements ! Cela donne bonne conscience depuis Paris mais cela interpelle quand on sait qu'ils ont consisté dans la plupart des cas, à recycler les contrats existants dans l'urgence (en Haute-Saône, les contrats de développement PACT 2014-2019 entre le département et les communes de communes ont été recyclés avec notre accord). Une démarche contractuelle de ce type avec l'État devrait donner lieu à un diagnostic de fond partagé, à la définition d'une stratégie commune et à un plan d'actions où convergent les priorités de l'État et celles des principaux acteurs du territoire… mais les sous-préfets ne pouvaient mener ce travail en quelques mois ! On pourrait aussi citer les contrats de ville avec plus de vingt signataires et s'en amuser. 

Dans le même temps, l’Etat lance de nouveaux dispositifs à grand coup de communication : une maison de services publics par canton, un schéma d’accessibilité aux services publics par département … Pouvons-nous encore longtemps accepter les raisons qui conduisent à cet immobilisme et à ces artifices ?