Axe de recherche : « Images, lieux et mots de la ruralité en France aujourd’hui ».

 

Les sondages le disent : le rural a la cote ! Pour environ 8 français sur 10, vivre à la campagne représente la vie idéale [1] ; autre sondage : 83% des français ruraux se déclarent heureux de vivre en milieu rural, alors que ceux qui habitent dans l’agglomération parisienne ne sont que 71% à le penser [2]. Les enquêtes d’opinion plébiscitent à chaque fois la campagne, le village, la petite commune rurale. Mais on est là face à un paradoxe géographique car depuis une dizaine d’années, l’INSEE, à travers son nouveau zonage en aires urbaines (ZAU 2011), enlève toute référence au mot rural. Pour cet institut, le territoire français est partagé en quatre types d’espaces : espaces des grandes aires urbaines, espace des autres aires, autres communes multipolarisées et communes isolées hors influence des villes. Ce zonage repose sur l’emploi et les navettes domicile – lieu de travail. C’est bien là une vision très fonctionnelle du territoire qui prévaut, avec le postulat que c’est la ville qui organise l’espace français, en arguant le fait que ce sont les déplacements liés au travail qui forgent le territoire, avec au centre du jeu la ville, l’urbain, là où les activités économiques se développent et les innovations fleurissent.

 

Zoner ainsi le territoire en se focalisant sur les mobilités liées au travail apparaît aujourd’hui comme une démarche fragile et discutable. En effet, selon les enquêtes de déplacement, ces mobilités ne représentent que 18% des déplacements locaux, et près de « 20% des habitants des zones rurales ne se déplacent pas au moins une fois par semaine » (Bontron, 2015). De même, « la distribution des navettes domicile-travail est de plus en plus complexe à l’heure de l’automobilité généralisée, de la diversification des formes d’emploi et de l’usage croissant des technologies de la communication (TIC) dans l’organisation du travail » (Zaninetti, 2017). De plus, partir des aires urbaines pour subdiviser l’espace français, en construisant autour d’elles des zones d’influence, est à bien des égards aussi une approche contestable. En effet, depuis le début des années 1990, bon nombre de publications en géographie pointent ce que l’on appelle alors la renaissance rurale (Lambert et Kayser, 1991) ou le renouveau rural (Pistre, 2012). Or, il n’y a pas que les villages proches des villes qui gagnent des habitants (périurbanisation) ; longtemps, on a cru que les territoires ruraux éloignés des métropoles semblaient condamnés au déclin démographique et économique. « Or, ils attirent de nouveaux résidents, enregistrent une progression rapide des emplois et du revenu... Les revenus de transferts, les salaires des agents de la fonction publique, les retraites, les dépenses des touristes… sont autant de revenus qui induisent, également, des dynamiques de développement local et dessinent une autre géographie du développement rural » (Talandier, 2008). La proximité à la ville n’explique pas tout, certaines localités rurales isolées et hors influence des villes connaissent un développement économique (valorisation de savoir-faire local) et présentent une bonne santé démographique.

 

Evidemment, en géographie comme dans toutes disciplines humaines, « passer d’un concept à une définition statistique soulève de nombreuses difficultés et suscite critiques et insatisfactions, c’est évidemment le cas pour la définition du rural » (Bontron, 2015). Le fameux seuil des 2 000 habitants n’a plus guère de sens aujourd’hui (périurbanisation) et il fait l’objet de nombreuses attaques (Bontron 2015). Et pourtant, la ruralité est un terme bien approprié et identifié par les habitants, les élus et la sphère privée : il est de ce point de vue important de le re-questionner, de mobiliser les valeurs et les objets qui font la ruralité en France aujourd’hui, de montrer en quelque part son contenu tout en soulignant sa grande diversité et ses transformations récentes. Il faut abandonner toute posture nostalgique (nos campagnes agricoles) qui nous amène inconsciemment vers une lecture passéiste et inféconde de la ruralité.

 

Ainsi, partant de ces constats, il importe de porter un regard nouveau, original, objectif et constructif de ce qu’est et ce qui fait la ruralité aujourd’hui. Nos recherches se proposent alors d’aborder la ruralité à travers trois composantes : « les images, les lieux et les mots de la ruralité ». Si la démarche visée implique des investigations approfondies en mobilisant notamment un important travail d’enquêtes (échantillonnage, public enquêté) et des compétences pluridisciplinaires (linguistique, analyse d’images et de paysages), elle devra impérativement s’adosser à des fondements méthodologiques solides et éprouvées afin d’éviter tout biais pouvant conduire à une déformation et distorsion de ce qu’est la ruralité aujourd’hui. Des phases de test et de possibles ajustements seront dès lors nécessaires pour la bonne conduite et réussite du projet.

 

A ce stade des réflexions, la démarche engagée peut-être décrite dans ses grandes lignes comme suit :

 

1/ Pour les composantes « Images et lieux » : quelles représentations de la ruralité ?

Un travail d’enquête sera ici engagé en vue d’identifier quels sont les paysages (champ ?), les symboles (le clocher du village, les vaches ?), les couleurs (vert ?) et les ambiances (convivialité et interconnaissance ?) qui façonnent et structurent la ruralité aujourd’hui. Sommes-nous encore dans une perception agricole de la ruralité ? La ruralité est-elle vraiment toujours un espace de faible densité de population ? La forêt est-elle un « constituant » incontournable de la ruralité ? La ruralité n'est-elle qu'un objet idéel ou un objet « objectivement concret » ?

Figure 1 –Recherche du mot « ruralité » via google : les deux premières images qui apparaissent dans la liste des résultats

Liens des photos  :    https://www.eurelien.fr/actualite/ruralite-davenir-venez-participer-nos-rencontres                                                                                         http://www.essonne.fr/economie-amenagement-mobilites/la-ruralite/les-territoires-ruraux

                     
  
 

Dans un premier temps, il s’agira de re-questionner les différentes méthodes d’administration d’enquêtes, en vue de cerner le plus objectivement possible les images de la ruralité aujourd’hui. A ce titre, une note méthodologique sera rédigée en vue d’identifier les avantages et les lacunes des différentes méthodes d’investigation.

A ce stade des écrits, trois grand types de conduite d’enquêtes peuvent être rappelés :

-          La méthode déclarative [1] : c'est l'enquêteur qui choisit ses propres images de la ruralité ; charge ensuite à l’enquêteur de traiter les images transmises. Avec cette méthode, il faudra intégrer le fait que l’enquêté peut avoir tendance à fournir des clichés de son environnement proche (habitation) et des lieux qui lui sont familiers (séjours de vacances). Il pourra également avoir tendance à fournir des images idéalisées de la ruralité ;

-          La méthode déductive [2] : à la différence de la méthode précédente, c'est l'enquêteur qui soumet des clichés/images à l'enquêté qui se prononcent ensuite sur les photos présentées. Avec cette méthode, le rôle de l’enquêté est important car c’est lui qui a choisi les images ; une vigilance toute particulière doit être ainsi de mise afin d’éviter une sélection de photos trop « personnelles » ;

-           La méthode dite participative [3] : conduite de séance(s) collective(s) de travail (sélection d’enquêtés + enquêteur) visant à discuter ensemble du thème de la ruralité. Une attention toute particulière doit être portée quant à l’organisation même de ces échanges (rôle de l’enquêteur ? temps de parole des enquêtés ? Retranscription et analyse des échanges ?).

 

Dans un second temps, il s’agira d’engager véritablement le travail d’enquêtes. Puisqu’il est question d’objectiver les résultats et de minimiser les biais, il est décidé de mener une démarche dite hybride, qui associera et combinera les 3 méthodes précitées. L’approche, originale par son déroulé, s’efforcera de gommer les lacunes de chaque type d’enquête. Plus concrètement, les deux premières méthodes (déclarative et participative) seront réalisées en premier et elles seront réunies dans une même et seule enquête (enquêtés identiques) ; la méthode déclarative se déroulera ensuite : à partir des résultats/analyses de la première enquête, un échantillonnage des répondants sera opéré (un profil des enquêtés sera établi en fonction de leurs réponses). La ou les séances collectives viseront alors à réunir, dans la mesure du possible, un public ayant une vision différente de la ruralité aujourd’hui.

 

Les enquêtes déclarative et participative seront menées via internet (logiciel du type Lime Survey) ; les enquêtés seront à la fois amenés à fournir des clichés en justifiant leur choix et à réagir/répondre (comparaison, degré de ruralité) à une série de photographies numériques qui leurs sont proposées ; ces dernières seront choisies par l’auteur des recherches puis validées par plusieurs membres du Labo Rural. Chaque photographie sera rattachée à une catégorie (exemple : paysage agricole) et sous-catégorie (paysage agricole – céréaliculture sans bétail), en vue du traitement ultérieur des résultats. Il est ici important de préciser que « le paysage ne se résume pas à la présence d’éléments, puisque leur impact visuel et la façon dont ils s’agencent sont aussi importants à considérer » (Litot, 2010). Ainsi, la création de « types » paysagers ruraux seront prédéfinis (catégories déclinées en sous-catégories) ; la démarche a la particularité de proposer des « agencements d’objets paysagers préétablis afin d’optimiser les temps de traitement par image » (Litot, 2010).

 

En vue de questionner les « Images et lieux » de la ruralité, une attention toute particulière sera portée au public à interroger (échantillonnage, nombre d’individus à enquêter) et au choix des photographie (éviter un discours trop caricatural). Il sera intéressant de présenter à l’enquêté plusieurs clichés d'une même commune en vue de démontrer que le traitement de la ruralité doit parfois se défaire de la maille communale. Enfin, sur le même principe que pour les photographies, il sera proposé à l’enquêté de se prononcer sur une série de cartes (type IGN – source : géoportail) ; il sera notamment amené à formuler une réponse sur le degré (notion de seuil) de ruralité de tel ou tel espace cartographié. 

Figure 2 – Exemple de carte IGN (source Géoportail) pouvant être intégrée à l’enquête. Commune de Saône (département du Doubs)

  

2/ Pour la composante « Mot » : quels lexiques pour décrire/représenter la ruralité aujourd’hui ?

La textométrie (analyse de contenu de texte) est issue de la rencontre dans les années 1970 entre sciences du langage, statistique et informatique (Heiden, 2010). « Grâce au développement puis la diffusion de l’outil libre et gratuit TXM (années 2010), cette méthode est utilisée au-delà des cercles de recherche en linguistique » (Buhler, 2018). En ce qui concerne les géographes, ces derniers utilisent la textométrie pour des analyses de discours relatifs à l’environnement en s’appuyant le plus souvent sur des corpus de presse quotidienne, nationale ou régionale (Buhler, 2018). La textométrie s’est également révélée précieuse pour révéler les évolutions et les oppositions dans les discours des politiques urbaines, à travers l’exemple des plans de déplacement urbains (Buhler ,2018).

En quoi cette méthode permet-elle, ou pas, de répondre à nos questionnements géographiques sur la ruralité ? « La statistique textuelle permet d’objectiver et de synthétiser ces informations qualitatives pour faire émerger une représentation commune et diverse à la fois » (Garnier et Guérin-Pace, 2010). En objectivant des données qualitatives issues de textes (discours, articles, entretien, témoignages, etc.) « l’approche textométrique repose sur une analyse quantitative des données grâce à un large panel de calculs statistiques robustes (fréquences relatives des occurrences, profil distributionnel des termes, cooccurrences, attirances contextuelles de termes, sur- et sous-emplois dans les différentes partitions, analyses factorielles) » (Buhler, 2018). En d’autres termes, l’entrée par la textométrie permet alors d’interroger l’utilisation du mot « rural », avec des analyses objectives et dépassionnées de tout débat : ce mot est utilisé pour représenter quels lieux ? Quand lui préfère t’on le terme « campagne » ? Est-ce un espace que l’on vise à préserver ou un réservoir d'urbanisation ? N’est-il qu’un espace de loisirs et de détente ? ...

Se pose alors la question des corpus de documents à traiter. Ces derniers doivent satisfaire plusieurs critères : les documents doivent être numérisés, ils doivent représenter la diversité des territoires français, être relativement récents pour capter une information contemporaine et bien évidemment, évoquer la ruralité dans ses textes !

Au regard de ces éléments, il est envisagé de mettre en œuvre la méthode textométrique pour analyser le contenu des documents suivants :

- les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) ; nous pensons plus précisément au Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD – spatialiser un projet politique) et au Document d’Objectif et d’Orientations (DOO – définir les orientations en matière de logements, d’infrastructures…). Puisqu’ils abordent les relations ville/périurbain/rural, l’analyse de ces documents permettra de nous éclairer sur la place « géographique » du rural en France. Où est le rural en quelque sort ? La France comptant plus de 300 SCOT aujourd’hui, une sélection des territoires d’étude sera nécessaire, grâce à un échantillonnage visant à une bonne représentativité des territoires. En vue de présenter des résultats solides et pertinents sur le plan statistique, il sera sans doute nécessaire de traiter plusieurs dizaines de SCOT. Ici, c’est avant tout une vision technocratique et théorique des mots de la ruralité qui sera questionnée et mise en avant ; puisque cette vision peut potentiellement se « détourner » d’une approche plus pratique et de terrain de la ruralité (la ruralité vécue), il sera alors intéressant de compléter les recherches par une analyse textométrique des mots rural-ruralité dans la presse quotidienne régionale (PQR) ; 

- la presse quotidienne régionale (PQR) : l’analyse textométrique sera ici construite sur les mêmes fondements méthodologiques que pour les SCOT ; si cette approche par la PQR apporte des éclairages plus « pratiques et de de terrain », il est important d’en mesurer en préalable les écueils possibles. En 1999, B. Delforce et J. Noyer pointait plusieurs difficultés dans l’analyse discursive dans les médias, notamment la « généralisation hâtive » et « le nez dans le guidon » (manque de mise en contexte). Pour des raisons pratiques (accès au journal numérique), le quotidien de l’Est Républicain sera la PQR analysée sur le plan textométrique ; en fonction de la disponibilité des articles, une analyse chronologique pourra être engagée en vue de saisir l’évolution de l’utilisation du mot rural dans la presse régionale.

 

Le croisement des résultats issus des deux corpus de documents (SCOT + PQR) permettra alors de pallier les limites de l’un (théorique pour les SCOT) et de l’autre (manque d’analyse critique des sources pour la PQR), et donnera alors un panorama plus complet et réaliste (théorique VS pratique) de la ruralité en France aujourd’hui. Enfin, pour pousser davantage les investigations, nos résultats seront confrontés à ceux de l’enquête menée en 2014 [réalisée par Médiascopie] portant sur les « Mots de la ruralité » [3]. Pour cette dernière, un échantillon représentatif de 800 français avait été sondé sur les thèmes suivants : quels sont les mots que l'on associe aujourd'hui à la ruralité ? Quels sont ceux qui expriment le mieux la vitalité des territoires ruraux, leur capacité d'innovation, l'alternative qu'ils constituent par rapport à la concentration urbaine ? De cette étude, il en ressortait notamment que la ruralité était souvent associée à ce qui relevait du local.

Pour conclure, les travaux ambitionnent à terme de porter un regard neuf sur la ruralité en France, de la « décoder » sur des bases solides et des éléments objectivés. Quels sont les ingrédients qui font la ruralité aujourd’hui ? Qu’est-ce qui ne fait pas ruralité ? Si l’agriculture a été longtemps l’activité structurante de nos « campagnes », elle ne l’est plus aujourd’hui. La ruralité est ailleurs. Elle est plus difficile à saisir, à délimiter, à comprendre sans doute, et pourtant, les sondages nous le répètent inlassablement : elle séduit de plus en plus. C’est que la ruralité existe bel et bien et que le grand public l’identifie. Par la double entrée proposée (image et mot), nos recherches dépoussièrent la thématique investie, grâce à des méthodes d’investigations nouvelles, solides et audacieuses. Depuis 10 ans, le mot rural n’apparaît plus dans les ZAU de l’INSEE ; n’attendons plus, faisons-en sorte de le replacer sur ces cartes. 

 

 

Notes de fin

[1] Résultats d’un sondage issu de l’article issu du lien : https://www.francetvinfo.fr/societe/pour-81-des-francais-vivre-a-la-campagne-represente-la-vie-ideale-revele-un-sondage_2976187.html

[2] Résultats d’un sondage issu de l’article issu du lien :https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/modes-de-vie/les-francais-ruraux-ont-une-vie-heureuse-mais-souffrent-de-l-absence-de-services-publics-et-d-un-acces-a-l-emploi-difficile_3201223.html

[3] Enquête « Les mots des nouvelles ruralités – Les grands enseignements de l’enquête ». Mai 2014 – Institut Médiascopie. Dossier disponible via le lien : http://mediascopie.fr/media/LMD-nouvelles_ruralites_STRATEGIQUE.pdf

 

Références bibliographiques citées/rappelées dans le texte :

Bontron, Jean-Claude. 2015. « La dimension statistique de la ruralité. Une manière de lire les représentations et les évolutions du rural », Pour, vol.  228, no. 4, 2015, pp. 57-67.

Buhler Thomas, et al. 2018. « La textométrie pour révéler évolutions et oppositions dans les discours des politiques urbaines. Le cas des PDU français (2000-2015) », Flux, vol. 113, no. 3, 2018, pp. 93-110.

Delforce Bernard et Noyer Jacques. 1999. « Pour une approche interdisciplinaire des phénomènes de médiatisation : constructivisme et discursivité sociale. » Etudes de communication n°22 : 13–40.

Garnier Bénédicte et Guérin-Pace France. 2010. Appliquer les méthodes de la statistique textuelle. Paris : Centre Population et Développement.

Lambert Yves et Kayser Bernard. 1991., La renaissance rurale. Sociologie des campagnes du monde occidental.In: Revue française de sociologie, 1991, 32-2. Professions en mutation. pp. 288-290.

Litot Jean-Baptiste. 2010.  Paysage et médiatisation dans les Alpes françaises - Approche géographique de la diffusion des cartes postales paysagères. Géographie. Université de Franche-Comté, 2010. Français. Thèse de Doctorat de géographie.

Pistre Pierre. 2012. Renouveaux des campagnes françaises : évolutions démographiques, dynamiques spatiales et recompositions sociales. Géographie. Université Paris-Diderot - Paris VII, 2012. Français. Thèse de Doctorat de géographie.

Talandier Magali. 2008. « Une autre géographie du développement rural : une approche par les revenus », Géocarrefour, Vol. 83/4. 2008, 259-267.

Zaninetti Jean-Marc. 2017. « Les déplacements domicile-travail structurent-ils encore les territoires ? », Mappemonde, numéro 122, septembre 2017.