1. Des normes trop contraignantes et uniformes sur l’ensemble des territoires et une multiplicité des acteurs sont un réel frein à l’initiative locale
En effet les maisons de services publics hébergées par La Poste sont, dans de nombreux cas, des lieux où celle-ci a saisi l’opportunité de rationaliser ses moyens en personnel et ses surfaces utiles en permettant à d’autres services d’avoir une forme de permanence via un guichetier généraliste.
Cependant cette construction apparaît dans certains cas être faite par défaut pour La Poste, à la fois contrainte de maintenir son maillage de points de contact au titre de sa mission d’aménagement du territoire et d’enrayer la baisse de flux clients.
Le montage d’un tel projet peut être une réelle opportunité dès l’instant où tous les acteurs poursuivent le même objectif et non pas être dans l’obligation de « remplir une coquille imposée ».
2. L’échelle du territoire est une composante fondamentale pour appréhender un espace de services
Les EPCI issues de la loi Notre 2015 sont dans certains cas un agrégat administratif répondant à un seuil de population et non à une cohérence de bassins de vie ; ainsi les formats d’accès aux services ne peuvent s’appréhender uniquement au niveau EPCI en ruralité.
Plus d’un quart de la population vit dans des villes moyennes, lesquelles constituent un atout pour les territoires ruraux en termes de services, de part un cadre de vie à taille humaine et une dimension suffisante pour être un moteur de développement.
Points de liaisons entre les grandes métropoles et les territoires ruraux, les villes moyennes dans leurs fonctions de centralité et de rayonnement administratif,éducatif,culturel,médical,patrimonial, économique et social constituent le socle pour un projet pertinent d’accessibilité aux services publics alliant modes de transports et accueils physiques ou numériques.
3. Pour optimiser une offre de proximité facilitant la vie quotidienne des habitants et conforter l’attractivité du territoire, la notion de « services » doit être plus large que celle de services publics mais bien englober tous les services y compris privés, marchands et non marchands
Ainsi dans certains tiers-lieux nous pouvons non seulement y trouver un guichet traditionnel pour des opérations postales et des conseils pour des prestations administratives, mais également des showrooms pour des promotions temporaires de certains artisans sur leurs savoir-faire et également des recrutements.Des partenariats de type SNCF permettent aussi l’édition de billet de train, ou encore un corner Office de tourisme sont des exemples d’initiatives mises en œuvre.
Certaines Agences postales communales dont l’agent est financé à 50%par la Poste et la Mairie ont porté certaines initiatives en ce sens. Mais les porteurs de projets doivent être d’une extrême vigilance quant aux propositions des grands opérateurs qui ont tendance à décliner une politique nationale sans tenir compte des spécificités territoriales ni se préoccuper d’une coordination utile inter-opérateurs pour garantir le principe de solidarité et d’aménagement
Le vrai enjeu est de pouvoir fédérer des partenaires institutionnels, économiques et associatifs pour une mutualisation synonyme de valeur ajoutée. Il s’agit bien d’une complémentarité de services qui doit apporter un plus et non une succession de permanences de différents opérateurs.
Aussi, une bibliothèque mobile peut être tout à fait un lieu de connexion à d’autres services numériques et la personne assurant l’accueil physique peut faciliter différentes recherches et accompagner au montage d’un dossier. Les espaces de co-working ne sont-ils pas des nouveaux tiers lieux offrant l’opportunité de partage de compétences ?
4. Et cette valeur ajoutée doit être aussi le fruit d’une accessibilité renforcée grâce à une meilleure proximité :
Ø Proximité numérique et proximité physique
La couverture numérique et mobile constitue l’une des attentes fondamentales des concitoyens à l’égard des responsables publics dans les territoires ruraux. Ces infrastructures sont incontournables face aux réalités de consommation du 21èmesiècle et des moyens mutualisés tels que les bornes internet, la visioconférence permettent de garantir des rendez-vous personnalisés pour les habitants ne disposant pas d’internet haut-débit à domicile.
Il convient de veiller dans les différentes initiatives d’espaces de services, à la garantie d’une complémentarité entre les prestations numériques et l’accompagnement personnalisé d’un agent d’accueil.Une attention particulière aux publics les plus fragiles doit aussi être accordée.
Pour illustrer ce lien entre l’accessibilité numérique et la proximité humaine, un exemple puisé dans l’actualité est très significatif, celui des secrétaires médicaux assurant la permanence des médecins : le contact direct avec les patients et l’aiguillage utile vers des services, permet un meilleur ciblage et une orientation efficiente vers certains services tenant compte de la proximité territoriale.
L’usage d’une plateforme centralisée pour gérer à distance ces permanences ne fait qu’appliquer des schémas théoriques sans tenir compte de la réalité du territoire, en particulier les temps d’accès. Le lien humain, à une étape d’un dispositif automatisé, permet une meilleure rationalisation d’une solution et également de redonner confiance. Les usages de la e-médecine en sont les bons exemples.
Ø Avec plus de 33000 communes qui font la spécificité de notre pays, la mairie ne devrait-elle pas être repensée comme un réel échelon de proximité ?
Certainement un plan audacieux que de redonner à la mairie une réelle identité de maison de services alors que la couverture numérique est encore insuffisante et que certains habitants des villages restent technologiquement éloignés des services.
Pendant cette terrible pandémie du Covid 19,nous avons pu constater que certains Maires ont mis en place dans l’urgence de vraies offres de services, qu’ils soient marchands ou non marchands, de la commande de produits de première nécessité alimentaire en circuits courts à l’accompagnement de dossiers d’aides personnalisées.
La distanciation sociale imposée a amené certaines mairies à innover dans leurs prestations, telle une plateforme de dialogue avec les concitoyens via internet, ou une formule de drive pour le retrait de produits de première nécessité.
En plus du télétravail et grâce aux réseaux sociaux, la période de confinement a permis à des personnes d’horizons différents de partager leurs expériences et leurs talents.Des initiatives tutorielles se sont dessinées dans différents domaines
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De cette crise sanitaire pourrons-nous tirer aussi les enseignements pour une proximité de services partagés et réinventés à l’échelon communal dans un intérêt économique, sociétal et écologique ; l’urgence est l’aménagement numérique de nos territoires ruraux pour pouvoir tisser le maillage de services utiles à la population
L’établissement Mairie et le réseau des Secrétaires de Maires sont les relais dynamiques de proximité immédiate pour bâtir des espaces de services mutualisés et « sur-mesure ».Selon la géographie du territoire et la taille des communes, les modalités de services avec le centre-bourg seront au cœur des projets afin de garantir la complémentarité accueil physique/accueil numérique.
La réflexion pourrait être aussi menée sur différentes associations en lien avec les collectivités.Au lieu d’une gestion de centres de coûts adossés à des subventions, il pourrait être confié aux mairies,le pilotage de diverses activités comme celles liées au domaine social, sans exclure la mutualisation de certaines tâches, par exemple entre ADMR et ILCG.Ces structures associatives sont de plus en plus fragiles et sont aux limites à la fois pour les employés et les bénéficiaires
Ne faut-il pas appréhender un nouveau modèle dans nos communes : produire pour répondre à un besoin ?