L’accès aux soins est un des sujets de préoccupation majeure des Français dans les espaces ruraux. Il faut expliquer aux patients et aux citoyens les évolutions de fond dans leur prise en charge médicale. Le labo rural propose d’aller plus loin encore vis-à-vis des professions médicales en les liant davantage avec les territoires ruraux et leur avenir. Cela passe bien sûr par l’amélioration nécessaire de leurs conditions d’exercice mais cela implique aussi de réguler davantage dans les zones peu denses, sans que naissent des concurrences contre-productives entre territoires sous dotés.

L’une des propositions du labo rural consiste à contraindre les agences régionales de santé (ARS) à définir de manière rigoureuse et ambitieuse une organisation rurale en trois types de pôles de santé par des cahiers des charges précis sur le nombre de disciplines et compétences réunies, la présence d’une ressource dédiée assurant la gestion et l’administration du collectif, l’obligation d’un partenariat avec un hôpital de proximité, l’équipement en télémédecine, une liaison en fibre optique, la présence de disciplines paramédicales. Ainsi, les maisons médicales de demain devront se fonder sur trois piliers : le lien humain, le digital et la performance. Sur cette base, chaque département conseillé par l’ARS devrait élaborer un schéma départemental des pôles de santé pour organiser et financer une couverture médicale ambitieuse y compris en étendant les missions des officines de pharmacie compte tenu de leur excellent maillage territorial. Ces dernières pourraient constituer des portes d’accès pertinentes de téléconsultation à la vaccination, au renouvellement de certains traitements et de prise en charge de certaines pathologies bénignes (ce qui n’est pas possible à ce jour).

C’est dans cet état d’esprit et après de multiples demandes infructueuses formulées à l’ARS que le Département de la Haute-Saône a décidé en 2020 de se lancer dans l’élaboration de son schéma départemental d’accès aux soins qui sera présenté à l’assemblée départementale avant la fin de l’année 2020. 

 

L’objectif de cette expérimentation est de structurer l’organisation territoriale des soins via la construction d’une vision partagée à moyen terme, assise sur une démarche coordonnée, méthode indispensable pour consolider et développer avec les différents acteurs, une offre de soins de qualité et accessible aux habitants du département. Le schéma mixe des données statistiques objectives et des entretiens qualitatifs poussés avec les acteurs concernés : SDIS, Groupement hospitalier départemental, différents ordres départementaux des professions médicales, acteurs du champ médico-social, services de l’Etat, collectivités locales porteuses de maisons de santé … 

L’approche consiste à évaluer la tension entre l’offre et la demande de soins et de son évolution sur la base d’une analyse de données récentes concernant l’offre de soins (démographie et activité des professions libérales plus présentes : médecins généralistes, infirmiers, kinés) ainsi qu’une analyse de données concernant la demande de soins (les besoins des populations : consommation, indicateurs de santé et évolution de la population afin d’anticiper l’évolution de la demande de soins). Ce bilan débouche sur la mise en évidence des territoires les plus fragiles pour aller vers la création de différents outils co-construits et vérifier la pertinence de zonages existants et projetés.